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Textiles d’Ameublement : la cote Afro grimpe !
Batiks, bogolan, textiles imprimés, velours traditionnels authentiques, les tissus africains se creusent un sillon prometteur au coeur des très concurrentiels marchés occidentaux, sur des créneaux qui jusqu’ici semblaient leur échapper, le textile d’ameublement. Et c’est tant mieux. L’esthétique africaine contemporaine s’est longuement déployée sur les bases des motifs traditionnels et souvent en empruntant les usages les plus proches de l’expérience culturelle et civilisationnelle des Anciens. Ainsi les artéfacts, en poterie, calebasses, vannerie, sculpture en bois ne se sont plus ou moins affranchis des formes et de l’utilitaire traditionnel que très progressivement. Le textile habillement a de ce point de vue été amené assez vite à reproduire ou adapter des formes non africaines, déclinant les tissus imprimés à motifs authentiques sur des chemises, robes, vestes, mais aussi bermudas, pantalons… Il faut dire que cette adaptation dans les usages et donc dans la destination des produits artisanaux africains est une condition de survie de ce potentiel incommensurable de vitalité esthétique. En effet avec les changements de mode de vie, l’exode rural, l’urbanisation, les nouvelles religions, tous les usages anciens ne sont plus reconductibles en l’état, qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, c’est un fait. De l’autre côté, la modernité a offert de bonne heure de vastes terrains de conquête aux textiles et artisanats africains dans les secteurs porteurs des produits d’intérieur, arts de la table ou décorations diverses, et textiles imprimés. Les besoins liés à l’habitat, utilitaires autant que décoratifs, avec les logiques de sédentarisation, le retour à un style de vie privilégiant les moments passés chez soi dans une Europe vieillissante, ont depuis les années 80 stimulé les marchés des articles de maison. C’est à la faveur de cette évolution durable que de plus en plus d’artisans africains, quelques fois motivés par leurs importateurs occidentaux, ont profilé des offres tentant de capter une frange significative d’un marché plutôt actif. Les textiles imprimés à motifs traditionnels, ceux à base d’écorces ou de coton travaillé à l’ancienne sont ainsi sortis de leurs déterminations exclusives d’antan. Pour le bonheur des décorations d’intérieur. Désormais poufs, tabliers, coussins, couettes, sont revêtus de ces magnifiques tissus africains, du bogolan au batiks, jusqu’aux rideaux, draps, couvre-lits qui retrouvent une nouvelle vie, une fraîcheur appétissante étalée sur les mûrs, tabourets, chaises, ... Ces intérieurs aux textiles d’ameublements africains, afrocentriques -dimension africaine militante- pour d’aucuns, rompent avec les classicismes jugés fatigant en excès, ils épousent cette phase des relations interculturelles marquée par les métissages, les rencontres, les voyages. L’hybridation, les compositions, les complexités sont de mise. Des nappes en tissus africains contrebalancent l’austérité de meubles et espaces anciens, un même article pouvant être habillé à l’africaine et à l’occidentale. Il arrive que de véritables éclectiques agencent textiles africains, indiens, amérindiens avec originalité et goût. L’arrivée des motifs imprimés de la vie rurale ou urbaine africaine anciennes, de la nature animale ou physique, ainsi que les innombrables idéogrammes et formes géométriques dont débordent l’esthétique continentale apporte un climat, un univers nouveau dans les intérieurs occidentaux. En Afrique, cette tendance redevable au pragmatisme des prix et à une lente désaliénation culturelle conduisant à redécouvrir les charmes des arts et artisanats locaux, soutient davantage que le politiquement correct «consommer africain», la pénétration commerciale des textiles d’ameublement typiquement africains. L’enjeu de l’adaptation des artisanats et des traditions matérielles africaines aux exigences contemporaines, marchandes et non marchandes, consiste aussi à trouver de nouveaux usages à des produits anciens, quitte pour ce faire à les modifier un peu, à les redéfinir, à les réinventer. Eh oui en art et dans la marche des civilisations, c’est chaque jour que l’on réinvente l’eau froide, en lui forant un débouché inconnu, un usage inédit et un emballage actualisé.
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