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La grande leçon du petit djembé africain

Par ZB, article initial le 02/09/2007, corrigé

Le djembé ou tambour africain est un des plus vieux outils de communication et de musique africain. Sa notoriété a explosé en Occident depuis les années 90 sans véritablement faiblir. Hier inconnu, il est désormais entré dans les dictionnaires internationaux des noms communs, ainsi qu’en atteste le Larousse de 2007. Une leçon qui vaut pour l’ensemble du capital culturel africain, entier disponible pour une alternative philosophique et technique de développement économique, de conception du bien-être collectif.

Les professionnels du marketing chiffreraient à des millions de dollars les sommes d’argent que les multinationales dépensent en frais publicitaires pour incruster leurs noms de marques dans les univers évoqués spontanément par les acheteurs. Ainsi des noms de marques sont-ils passés dans le langage populaire quotidien moyennant des politiques promotionnelles suivies et onéreuses : Frigidaire, Salamander, Caterpillar, etc.

En entrant dans le Larousse, illustration particulière d’une pénétration des mentalités occidentales (pas une fin en soi), le djembé réalise ce que des mastodontes des marchés globaux réussissent à grands renforts de réclame. Une performance invisible mais combien remarquable.

Car à l’origine le djembé n’est que le nom local sénégalais, dans la langue wolof du tambour africain, devenu nom générique commercial d’une gamme de percussions profanes africaines, d’Afrique de l’ouest spécialement. Par la force et la puissance de son esthétique, quoique sous-estimé par ses promoteurs naturels, les Etats et par les professionnels africains dont beaucoup miment les styles de vies des compradores africains, pris dans les ressorts psychologiques de l’aliénation culturelle, le djembé est tout de même devenu un blockbuster mondial. Les producteurs africains, artisans du Sénégal, du Mali, du Ghana, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire ont pris une part importante, par leur faculté d’adaptation et d’innovation, dans le développement d’un produit attractif, polysémique sur les marchés internationaux.

Instrument de musique, percussion à usage ludique ou professionnel, le djembé est aussi objet de décoration. Ses différentes tailles offrent à l’utilisateur le choix entre les utilités qu’il lui assigne. Singulièrement "communautaire" au sens marketing, il invite par lui-même à une utilisation collective, en groupes de musique, amateurs réunis, amis… Son accès est assez démocratique puisque la différence de niveaux entre joueurs n’empêche pas le débutant d’y prendre un réel plaisir. Ainsi, créateur de lien, communicatif et affectif, le djembé tend à résoudre les tensions psychologiques des consommateurs occidentaux, liées aux effets pervers de l’individualisme, de la pression professionnelle, à l’instar des pratiques ludiques comme le rollers, … Son caractère de pratique communautaire se déploie désormais dans des cours de percussions et de danses africaines qui lui offrent des opportunités commerciales nouvelles.

Face à une demande occidentale croissante, les fabricants de djembé ont su adapter leur produit aux tendances de marchés et de consommation. Ainsi ont-ils différencié les djembés œuvre d’art des autres, tenu compte des couleurs, tailles faciles à transporter et poids, qui ont favorisé les achats de masse. Ils ont appris les spécificités des marchés européens, américains, asiatiques.

Sur le plan technique, les professionnels de la musique se sont mis en cheville avec les artisans et les djembés sont accordables pour les rendre performants dans l’industrie musicale de haut niveau (studios d’enregistrements, concerts de musique, récitals, rap...). L’ergonomie a été retravaillée, des housses ont été rajoutées pour protéger le matériel, ce qui a des implications de filières économiques, un renforcement des relations avec l’industrie textile.

En bref le produit n’a pas simplement plu. Il a plu et a été développé dans le sens du marché, par un suivi des attentes et modifications d’attentes, par des relations étroites avec le marché via les importateurs et utilisateurs. Le résultat a suivi.

L’ombre au tableau n’est pas des moindres malgré tout, qui concerne toute la culture matérielle exportable d’Afrique, c’est bien l’imitation asiatique, aidée par des importateurs euro-américains à la recherche de moindres coûts et d’une rapidité de livraison sur lesquels les artisans ont un gap de compétitivité. L’indifférence des Etats africains, à quelques exceptions près comme l’Afrique du Sud, continuera de porter une atteinte grave aux droits de propriétés des peuples et cultures, pillées hier et aujourd’hui encore par la cruelle incurie des responsables culturels du continent et le manque de vision des détenteurs de fortunes. Manques à gagner et dépossession au vu et au su de tous. La grande leçon du petit djembé pourrait s’appliquer à nombre d’artisanats et produits de la culture africaine, pharmacopée, art de vivre, gastronomie, les succès mondiaux des jus de bissap et gingembre, sans oublier la culture immatérielle (contes, musique, imaginaires …) le prouvent à suffisance.

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