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Historique, Thomas Sankara interviewé par Mongo Beti : Entretien de rebelles !

Par Afreekara, transmis par Odile Tobner

Interview du Président Thomas Sankara pour la revue Peuples Noirs Peuples Africains. Par Mongo Beti. 1985.[Extraits]

Afrikara publiait le 14/11/2006 un document inédit, Thomas Sankara étoile filante tombée au milieu des vautours et des chefs ubu de la Françafrique incarne toujours une autre Afrique, intègre et volontaire, face à un Mongo Beti né à la littérature engagée comme du sein de sa mère. Une rencontre épistolaire mythique.

Odile Tobner qui nous avait fait l’honneur de nous accorder, en son temps, l’inédit de la publication de ce texte, éclaire le contexte de cette «interview de Thomas Sankara, réalisée en 1985 pour la revue Peuples Noirs Peuples africains, mais qui n’a jamais été publiée.» «Je l’ai retrouvée dans les archives de Mongo Beti. Il est probable qu’elle n’a pas été publiée parce qu’elle était manuscrite. ....»

«Mongo Beti est allé deux fois au Fespaco de Ouagadougou, en 1985 et en 1987. En 1985 il a eu une entrevue privée avec Thomas Sankara à la suite de laquelle il lui a envoyé par écrit une liste de questions, auxquelles Thomas Sankara a répondu. L’interview est écrite de la main du secrétaire du Président. Celui-ci y a ajouté des commentaires de sa propre main.»

Mongo Beti – La première concerne la sécurité du Président et l’avenir du régime ipso facto. Devant la campagne insidieuse qui se développe dans la presse en France, beaucoup d’Africains pensent que c’est le signe avant-coureur d’une offensive tous azimuts et se souviennent avec angoisse de Lumumba de N’Krumah. Ils craignent une stratégie de l’élimination physique.

a)       Êtes-vous conscient de ce danger et surtout de cette angoisse des Africains ?

b)       Êtes-vous conscient de l’existence de cette stratégie et surtout de cette campagne de presse ? Avez-vous lu l’article paru récemment dans une feuille infâme appelée Black Magazine ou quelque chose comme ça. Souhaitez-vous en parler longuement ? On m’a parlé d’un certain Paul ou Pierre Michaud : le connaissez-vous ?

Thomas Sankara – Vous me permettez là de répéter ce que vous savez peut-être déjà. En effet, nous et notre Révolution ne plaisons guère à bien des gens. J’allais dire que c’est chose normale, compte tenu des intérêts de classe que nous sommes amenés à défendre. Il est donc logique et normal que nous ayons des ennemis, des ennemis de classe, puisque nous avons la ferme résolution de défendre nos intérêts de classe, au détriment des leurs, et cela en toute légitimité. De ce point de vue, il n’est pas étonnant que partout nos ennemis s’organisent pour affronter la Révolution, pour salir et dénigrer par voie de presse toutes nos actions de façon insidieuse et malhonnête. C’est le cas des journaux entièrement financés, des émissions radio commandées et de toutes sortes d’actions bassement orchestrées pour donner à notre Révolution une image totalement dénaturée. Cette stratégie est bien connue. Elle a servi à plusieurs occasions à l’impérialisme pour déstabiliser bien des régimes révolutionnaires convaincus, comme N’Krumah, Lumumba, que vous me citez, et contre Allende au Chili etc. Nous en sommes conscients. C’est un réel danger dans la mesure où ce sont des grands moyens qui sont déployés, jour et nuit, pour intoxiquer l’opinion internationale sur les luttes émancipatrices des peuples.

 

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N’Krumah, Lumumba et tant d’autres ont été des victimes de l’impérialisme, de cette stratégie néocolonialiste. Les dignes fils de l’Afrique les ont reconnus du reste comme de véritables patriotes, des hommes politiques qui avaient un juste et grand amour pour l’Afrique et les Africains. Aujourd’hui nous ne pouvons que les admirer et c’est un honneur pour nous de montrer qu’ils étaient des précurseurs, des guides, des pionniers, dans la voie de la dignité de l’Afrique.

Il y a partout aujourd’hui, aux quatre coins du continent, des N’Krumah, des Lumumba, des Mondlane, etc. Que Sankara soit éliminé aujourd’hui physiquement, il y aura des milliers de Sankara qui relèveront le défi face à l’impérialisme. Au niveau de notre Faso, la détermination de notre peuple, de notre jeunesse, enlève toute inquiétude quant à la poursuite de la lutte pour la dignité du Burkina et de notre continent. Toutefois, pour mille et une raison, notre peuple et la jeunesse révolutionnaire africaine restent attachées à Sankara et ne souhaitent jamais que le moindre malheur lui arrive. […]

MB – Concernant la corruption je m’interroge sur la nature de la corruption dans les sociétés africaines.

a)       Est-elle un héritage maudit de la colonisation ?

b)       Est-elle une de nos traditions ? (Après tout, les roitelets nègres qui livraient leurs frères aux marchands d’esclaves contre une poignée de verroterie, c’est bien connu).

La question se pose parce que, me semble-t-il, selon la manière dont on y répond, on ne combat pas la corruption de la même façon.

Qu’en pensez-vous ?

TS – Sans être un sociologue averti, ni un historien des sociétés précapitalistes africaines, je ne pourrai pas affirmer que la corruption est propre aux sociétés africaines. C’est un phénomène lié avant tout au système capitaliste, système socio-économique qui ne peut véritablement évoluer sans développer la corruption. Elle est donc incontestablement un héritage maudit de la colonisation. Ainsi, logiquement, pour combattre valablement la colonisation, le colonialisme et même le néocolonialisme, il faut aussi s’attaquer à la corruption.

Par rapport aux rois féodaux que la colonisation a utilisés, les poignées de verroterie, vues d’Afrique, ne ressemblaient pas à de la corruption, dans la mesure où le mode d’échange était bâti sur le troc. Pour les roitelets, leurs “frères” étaient vendus par eux contre une valeur quelconque que nous considérons avec le recul comme de la pacotille. Chaque chose n’a de valeur qu’à partir du service pratique qu’il rend et du milieu dans lequel son usage répond à quelque chose. Un roi qui ne s’était jamais vu dans un miroir n’hésiterait pas à l’obtenir contre un homme, c’est-à-dire contre un de ses sujets. De ce fait il donne une valeur correspondante en échange de cette chose. Il ne peut être considéré comme corrompu, même si le colonisateur ou l’explorateur, compte tenu du système économique auquel sa société était parvenue, vient à lui sur des bases de corruption.

MB – Ceci ne pose-t-il pas le problème général de la tradition ? N’y a-t-il pas incompatibilité entre la révolution, un processus dont un des enjeux est la modernisation de nos sociétés, et la tradition dont l’effet est très souvent un frein au progrès ? Plus précisément, si on veut libérer la femme, ne faut-il pas lutter contre l’excision, la polygamie ?

TS – D’une manière générale les traditions africaines relèvent d’une idéologie rétrograde. Cela n’empêche que, dans toute chose ou tout phénomène, il y a un aspect progressif et un aspect régressif. Dans nos traditions, c’est l’aspect progressif qu’il faut apprendre à cerner, pour permettre à la société d’évoluer beaucoup plus rapidement vers le progrès, vers le modernisme dont vous parlez. On ne fait pas de révolution pour régresser dans le temps. C’est pour aller toujours de l’avant. La Révolution ne peut qu’étouffer tous les aspects négatifs de nos traditions. C’est cela notre combat contre toutes les forces rétrogrades, toutes les formes d’obscurantisme, combat légitime et indispensable pour libérer la société de toutes les emprises décadentes et de tous les préjugés, dont celui qui consiste à marginaliser la femme ou à la chosifier.

Je suis d’avis que, pour libérer la femme, il faut lutter contre l’excision et la polygamie. Il faut surtout savoir engager la lutte. Interdire par des lois ou toute autre chose ne peut être la meilleure solution. Nous luttons pour l’égalité de l’homme et de la femme, pas d’une égalité mécanique, mathématique, mais en rendant la femme l’égale de l’homme devant la loi et surtout devant le travail salarié. L’émancipation de la femme passe par son instruction et l’obtention d’un pouvoir économique. Ainsi le travail au même titre que l’homme, à tous les niveaux, la même responsabilisation et les mêmes droits et devoirs sont des armes contre l’excision et la polygamie, armes que la femme n’hésitera pas à utiliser pour se libérer elle-même et non par quelqu’un d’autre.

MB – Concernant la coopération. Peut-on justifier le maintien de relations privilégiées avec la puissance qui nous a colonisés ? Sinon, pourquoi continuez-vous à participer aux conférences au sommet des chefs d’État francophones, qui sont si mal perçus par la jeunesse scolarisée africaine ?

TS – Comme, du point de vue dialectique, toute chose ou toute action s’explique, les relations avec tel ou tel pays, fût-il une puissance colonisatrice, ont une explication, ne serait-ce que, s’agissant de la puissance colonisatrice, de par l’histoire. Tout se situe là, au-delà des divergences idéologiques qui peuvent surgir. Et il y a les relations d’État à État. Lutter pour son indépendance face au colonialisme ne veut pas dire que l’on se prépare, une fois celle-ci obtenue, à quitter la terre pour aller s’isoler quelque part dans le cosmos.

Quant aux conférences au sommet des chefs d’État francophones, ils servent, chaque fois que nous avons l’occasion d’y prendre part, de tribune, de tremplin pour notre révolution, pour la faire connaître, de dire ouvertement ce qu’elle pense de ces conférences ou instances politiques. Y participer pour dénoncer ce qui ne va pas dans l’intérêt des peuples africains est une stratégie beaucoup plus payante que les sarcasmes envoyés de l’extérieur. C’est de la sorte que nous percevons les choses dans le cadre de notre processus révolutionnaire.

MB – Concernant la zone franc : La justification la plus courante du maintien de nos pays dans la zone franc, c’est la convertibilité du franc CFA, mais est-ce un avantage pour les pauvres, c’est-à-dire les 9/10èmes de notre société ? En quoi le paysan africain, dans son village, a-t-il besoin d’une monnaie convertible ?

Bref, le franc CFA n’est-il pas une arme de domination des Africains ?

Le Burkina révolutionnaire envisage-t-il de continuer à traîner ce boulet ?

TS – Que la monnaie soit convertible ou inconvertible n’a jamais été la préoccupation du paysan africain. Il a été plongé à son corps défendant dans un système économique contre lequel il est impuissant. Il faut, je pense, l’organiser pour qu’il se protège contre les méfaits d’un tel système. C’est là que se situe le problème, dans la mesure où la monnaie n’est pas isolée de tout système économique. Dans ce cadre je dirai que le franc CFA, lié au système monétaire français est une arme de la domination française. L’économie française et, partant, la bourgeoisie capitaliste marchande française bâtit sa fortune sur le dos de nos peuples par le biais de cette liaison, de ce monopole monétaire. C’est pourquoi le Burkina se bat pour mettre fin à cette situation à travers la lutte de notre peuple pour l’édification d’une économie autosuffisante, indépendante. Cela durera combien de temps encore, je ne puis le dire.

MB – Concernant le panafricanisme : On n’en parle plus aujourd’hui, ou si peu. La jeunesse africaine, pour laquelle le panafricanisme fut une mystique, un élan d’espérance, un ressort extraordinaire, est donc aujourd’hui profondément frustrée.

Pensez-vous reprendre le flambeau de N’Krumah ?

Comment ? Par les rapprochements régionaux peut-être ?

TS – En effet le panafricanisme, dans sa conception pure, a été un grand espoir pour, non seulement les Africains, mais pour les Noirs de la diaspora. Ce phénomène politique a fait couler et fait couler encore, dans bien des milieux, beaucoup d’encre. Je ne m’étendrai pas dessus. Mais je pense que c’est un problème, une question très sérieuse pour les Africains, s’ils veulent véritablement s’affranchir de toute domination étrangère. Tout le monde constate aujourd’hui avec amertume, face aux méfaits et autres exactions de l’impérialisme en Afrique, que N’krumah avait très bien raison d’aller de tous ses vœux à l’unité du continent. Néanmoins l’idée demeure et il nous appartient, il appartient aux patriotes africains, de lutter partout et toujours pour sa concrétisation. Il appartient à tous les peuples panafricanistes de reprendre le flambeau de N’Krumah pour donner espoir à l’Afrique.

MB – La Révolution burkinabé envisage-t-elle d’abandonner un secteur ou plusieurs secteurs de l’économie nationale à l’initiative privée ? Ou bien croyez-vous que l’État peut tout faire ? D’avance merci !

TS – La révolution burkinabé considère l’initiative privée comme une dynamique qu’elle prend en compte dans l’étape actuelle de la lutte du peuple burkinabé. Le discours d’orientation politique du 9 octobre est clair là-dessus.

L’État ne peut pas s’engager dans une étatisation tous azimuts, même si le contrôle d’un certain nombre de secteurs vitaux de notre économie s’avère indispensable.

Au camarade Mongo Beti, 3/11/85                

La patrie ou la mort, nous vaincrons !           

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