Jugée raciste, l'exposition "Exhibit B" fait polémique

POLEMIQUE - L'exposition Exhibit B, prévue prochainement au centre culturel du Cent Quatre et dans un théâtre de Saint-Denis, met en scène des zoos humains du 19e siècle. Déjà interdite à Londres, l'installation est en train de créer la polémique en région parisienne.
Des acteurs noirs enchaînés en silence, assis derrière des barbelés, dans les décors de l'empire colonial rappelant ces zoos humains qui ont existé jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L'exposition théâtrale Exhibit B, prévue du 27 au 30 novembre au théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis, puis du 7 au 14 décembre au centre culturel du Centre Quatre à Paris, choque les esprits. Déjà annulé à Londres il y a deux mois à coups de pétitions et de manifestations, le travail de l'artiste sud-africain Brett Bailey est ici aussi jugé intolérable par certains.
Le collectif contre Exhibit B prévoit une manifestation jeudi 27 novembre à Saint-Denis et demande un débat public avec les programmateurs du spectacle. Une pétition, lancée il y a deux mois et demi pour demander l'annulation de l'exposition, recueille aujourd'hui 18.600 signatures. L’artiste Bams, Française d'origine camerounaise et membre du collectif, explique à Metronews : "Cette installation porte atteinte à la dignité humaine et à la mémoire de nos ancêtres. La communauté noire a déjà assez de mal à reconstruire une mémoire positive à partir du passé colonial pour qu'en plus, une exposition apporte des images dégradantes sous couvert de dénoncer le racisme. À titre personnel, je me sens profondément blessée par l'amalgame et la violence que convoquent ces tableaux vivants. Ce sont mes parents ou mes grands-parents que je vois dans ces performers. À Saint-Denis, où la population est constituée à plus de 60% d'immigrés, cette installation est intolérable."
Prise de conscience
De son côté, Brett Bailey comprend que son exposition puisse déranger. Dans un entretien accordé à nos confrères de Rue89, il tient à défendre son installation, réalisée en collaboration avec l'association pour le droit des migrants, la CIMADE : "Ce travail porte sur le système colonial et l’apartheid dans lequel j’ai grandi. Ce système nous a coupés les uns des autres en Afrique du Sud. L’exposition parle d’un système qui nous piège tous. Tout mon travail consiste à provoquer une prise de conscience pour remettre en cause toutes les images banales qui persistent et je me demande comment rendre leur dignité aux gens qui ont été asservis et piétinés par le colonialisme". Dans une lettre ouverte, les directeurs du théâtre de Saint-Denis et du Cent Quatre assument pleinement leur programmation :
"Programmer Exhibit B est un acte responsable. C'est une œuvre artistique d'une force et d'une clarté incontestables. C'est une grande chance de pouvoir accéder à une œuvre qui place aussi directement l'Homme face à ses responsabilités". Si le message revendiqué par l'artiste et ses directeurs d'exposition est clair, sa mise en scène pose question. "En 2014, peut-on accepter de mettre des humains en cage pour dénoncer quoi que ce soit ?" demande encore le collectif contre Exhibit B.
Source : metronews
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