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Hector Hyppolite [1894-1948] : Maître de la Peinture Haïtienne et Prêtre Vaudou

L’année de Haïti, 2004, bicentenaire étouffé de l’avènement de la première république noire avait mis en avant le rôle précurseur de cette île des Caraïbes dans l’accouchement d’une conception réellement universelle de la liberté. Mais à l’instar de Hector Hyppolite, Haïti est toujours et peut-être surtout, une puissante somme culturelle, faite de résistances et de créations, l’esthétique qu’elle sécrète est une force d’imaginaire colorée offerte au monde.

Celui qui obtiendra une reconnaissance internationale paroxysmique au milieu des années 40 comme maître peintre haïtien, est un houngan, prêtre vaudou réorienté vers la peinture à l’âge mûr de la quarantaine, sur le fil d’une vie modeste de petits métiers, où le rapport à l’art si tenu eût-il pu être, a entretenu et préparé l’accomplissement de la prophétie. Comme le soutient Hector Hyppolite, les loas -divinités vaudoues- avaient prophétisé son succès dans les arts et la peinture, ainsi n’opposa t-il aucune résistance lorsque lui fut proposé l’opportunité d’une carrière artistique.

Autodidacte ou plutôt artiste peintre sans formation formelle autre que la pratique et une vision plasticienne authentiquement africaine-haïtienne de l’objet et de la vie, avant d’en arriver à réaliser avec une habileté et une assurance impressionnantes des tableaux que s’arracheraient les grandes places internationales de ventes de tableaux, avant de peindre au superlatif à l’aide d’anodines plumes de poulets, le prêtre officiant dut passer par une insoupçonnable école. Une partie de sa vie à courir à la quête d’une maigre pitance entre Haïti, à Saint Marc puis plus tard Port-au-Prince, passant d’un travail d’apprenti cordonnier à celui de décorateur, d’aubergiste, de constructeur de bateaux, de peintre de maison, et un séjour à Cuba où il travailla à la récolte du sucre. En perpétuelle double activité puisque houngan, attaché au culte ancestral dont il avait la direction.   

L’opportunité d’embrayer sur une carrière de peintre lui fut offerte par un objecteur de conscience américain qui enseignait l’anglais à Cuba, amateur de peinture qui œuvra à l’ouverture d’une structure dédiée à l’art et la peinture, le Centre d’Art de Port-au-Prince. Dewitts Peter frappé par le travail de Hector Hyppolite invita celui-ci à rejoindre le Centre d’Art, d’où il disposa des conditions d’exercice de son art.

Sa dextérité et sa maîtrise étaient totalement exceptionnels, à son arrivée à la capital Port-au-Prince, il exécuta 16 tableaux de très haute facture en… une semaine ! Performance à peine imaginable pour les artistes professionnels de ce niveau. Son pinceau apportait une touche très vive et vivante, riche et coloriée, appliquée à charger des motifs tracés d’un mouvement assuré. Le patrimoine proprement africain haïtien de l’artiste qui avait mis à profit quelques années de séjour sur la terre ancestrale d’Afrique transparaît sans ambages de sa peinture.

La thématique de Hector Hyppolite, éminemment mystique, en osmose totale avec l’univers vaudou caribéen, traduit un syncrétisme complexe de dosage entre cosmogonies africaines et adoption contrainte du christianisme sous les fers esclavagistes. Les figures de la religion romaine s’en trouvent africanisées et ce sont des saints noirs qui surgissent de la plume du maître peintre. En effet l’artiste ne peint jamais sans le prêtre, le second offrant un imaginaire fécond à la technique du premier, la nature y prenant toute sa place et toute son autorité picturale. Les loas -divinités - parsèment l’œuvre inspirée de l’artiste, comme ils enserrent, accompagnent, pré-voient le destin humain.

Cette approche thématique, cet univers en discussion avec le surnaturel, cette force de contraste et d’attraction née de la combinaison de couleurs vives, cette Afrique qui revit dans les Caraïbes, sont une contribution magistrale à l’esthétique universelle. Hector Hyppolite en est la figure de proue, expression éthérée de l’âme d’un peuple résistant et créatif, d’une histoire, d’une communication quotidienne de l’humain avec le divin.

 

Bibliographie indicative: "Haïti et ses Peintres" de Michel-Philippe Lerebours Design : R. Paquin, L'Imprimeur II, 1989.  Where Art Is Joy: Haitian Art: The First Forty Years., Selden Rodman, New York, NY: Rules de Latour; 1988
"Haïti Art naïf - Art Vaudou" Catalogue de l'exposition Galeries Nationales du Grand Palais - Paris 1988, Edition Carte Segrete, 1988

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