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Le Candombé ou l’Amérique du Sud Africaine

Candombé [can-dôme-bey] est un rythme célèbre d’origine africaine qui a porté pendant plus de deux cents ans une partie importante de la culture uruguayenne, dans ce petit pays d’Amérique du Sud, l’Uruguay, situé entre le Brésil et l'Argentine. Arrivé d'Afrique avec les esclaves noirs, le Candombé s’est maintenu dans la culture spirituelle, festive et de divertissement, pratiqué dans les rues, les carnavals, en salles ….

Simão Souindoula nous présente ce rythme et héritage africain des Amériques à travers la recension du livre intitulé " El candombé " de Ruben Carambula. Une réédition de l’ouvrage de l’écrivain disparu [éditions Del Sol, dans sa collection «Bibliothèque de la Culture Populaire».]

Véritable synthèse des travaux antérieurs de cet éminent homme de culture intitulée tout simplement, «El Candombé», ce livre qui s´étale sur 190 pages, s´articule en six chapitres dans lesquels l´auteur rappelle, en substance, les origines de ce complexe d´expressions, á la fois, pantomimiques, chantées, chorégraphiques et rituelles, sa graduelle éponymisation générique, dés les débuts du XIX éme siècle, son inévitable créolisation, ses particularités argentine et uruguayenne, son inattendue disparition de Buenos Aires et sa renaissance contemporaine.

L´auteur, homme d´ouverture, proche de la sensibilité anthropologique brésilienne et imbu de rigueur musicologique paraguayenne, décrit, ensuite, les principaux personnages de la reconstitution et les costumes descandomberos, l´appareillage membranophone utilisé et les schémas chorégraphiques appliqués.

Par ailleurs, poète et compositeur de talent, Carambula restitue, dans un remarquable élan de rhapsodie, une vingtaine de textes du symptomatique répertoire des «macambas» (compagnons) et a scellé les partitions y relatives. Le chercheur propose en fin d´ouvrage un lexique lié á la joviale fête africaine et fait, á ce sujet, diverses considérations techniques á caractère phonologique.

Hyperonyme

Le développement de l´ensemble de ces chapitres confirme l´introduction massive, et visiblement majoritaire, dans les régions méridionales du Nouveau Monde, d´interminables contingents de captifs noirs venus des cotes de l´Afrique centrale. L´on y apprend – fait subséquent – que la dénomination «congo» était devenue, sur les marges du «Fleuve grand comme la mer», aux débuts du XIX éme siècle, générique, et servait á désigner les différentes «naciones» mais aussi toutes les danses venues du continent noir.

 

Ce processus de généralisation sémantique, invariablement attesté dans les Amériques et les Caraïbes, touchera aussi l´expression dépréciative «candombé» c´est á dire «lié aux noirs». Elle substituera, graduellement, le commun «congo».

Selon le spécialiste rio platense, le terme apparaît, pour la première fois, dans la littérature, dans la première moitié du XIXéme siècle, dans la chronique intitulée «El recinto y los candombés» de l´écrivain Don Isidoro de Maria et dans la composition du poète Acuna de Figueroa, parue dans le journal «El Universal», en 1834, dont le premier verset dit : «Companelo di camdombe». L´on distinguera, sous cette expression hyperonyme, jusqu´à la fin du XIXéme siècle, divers rythmes et danses tels que la «calenda», le «tango» et la «bambula».

L´un des faits ayant cristallisé la danse des «ndombé» (Noirs) et qui sera consigné dans le «Manuel d´Histoire d´Argentine» de Vicente Fidel Lopez est le colossal et inoubliable «candombé» ordonné par le Brigadier Juan Manuel de Rosas, le «Restaurateur» fédéraliste, dictateur culturellement éclairé.

Cette immense fête organisée, le 25 Mai 1836, á la Plaza de la Victoria de Buenos Aires, regroupa 6 000 mélano-africains de diverses « tambos », parmi lesquelles les «Naciones» Congo et Angola, et de centaines de très assourdissants «macus» (tambours).

Selon les récits de Sarmiento, assister aux manifestations de polyrythmie candombé était le loisir préféré de la fille du Gouverneur, Manuelita Rosas, de sa mère Dona Encarnacion et du propre dirigeant unioniste. Les communautés noires lui attribuèrent divers titres honorifiques tels que Bienfaiteur ou Monarque des Candombés et des confréries noires.

Carambula note que ces milliers de noirs étaient bien «bonaerenses», vivant dans des «quartiers de tambour» peuplés, majoritairement, par une population d´origine africaine. L´une de ces zones typiques, terroir du candombé de feu, était le «Mundongo», place forte des «congos» avec les paroisses de San Telmo, Monserrat, la Concepcion et Santa Lucia. Ceux-ci ont transmis á la postérité de dizaines de chants dans lesquels l´on note diverses expressions, assurément, d´origine bantu, telles que curumbamba ou yumbambe, calunga gué et mussanga. L´on y remarque aussi le symptomatique appel du bantu Mafu, encourageant, vivement, Jésus á danser la semba au son du tambour afin de conjurer l´irrésistible déclin démographique noir en Argentine. Une véritable incitation en direction du Christ pour participer á un des inévitables candombés dominicaux.   

L´enracinement de la licencieuse et tonitruante candombé sur la rive gauche du Rio se révélera, irrésistible, et cela malgré les décrets répétés pris, au début du XIX éme par l´administration de la ville de Montevideo, portant interdiction des tambos et des tangos ; dont l´un des grands inconvénients était de servir de belles opportunités aux marrons.

Polyrythmie

Portant en eux la marque de la très cadencée danse, et convaincus du fait que l’abandon du tambour était un adieu au candombé !, les captifs africains ne rateront aucune occasion, surtout celle provoquée par la poussée abolitionniste pour se donner á des mémorables prestations.

La prohibition définitive, en décembre 1842, de l´esclavage en Uruguay permettra aux anciens opprimés de s´exprimer librement, toutefois, dans les limites des salles. Celles-ci présenteront, entre autres configurations ethniques, des profils congo, benguela, cabinda, angolamolembo et mozambique.

L´on note, dans la description de la manifestation faite par l´auteur, diverses cristallisations venues d´Afrique centrale, australe et orientale telles que le mouvement du milieu du corps, endunda (bunda, postérieur); l´agencement en file indienne, milonga (longa, en ordre), l´instrument de percussion,mazacallas (sakala), le xylophone, marimba (dimba), le lamellophonequisanje, (kisanji), l´instrument de friction, quijada, la dénomination du célèbre groupe de Montevideo, fondé en 1874, «Negros Lubolos» et la basse rythmique des membranophones, le bombo.

Le recueil de poèmes et de chants  proposé par Ruben Carambula, dont le nom a été attribué, de son vivant, á un Théâtre -Musée de la capitale uruguayenne et dont trois des textes s´intitulent, respectivement, «Candombé rosista», «Candombé de los esclavos» et «Candombé Loanda» reflète, suffisamment bien, la structurante influence bantu en Amérique du sud.

Ceux-ci, s´inspirant, notamment, du passage mortel dans les cales négriers, des inoubliables complaintes africaines, de ventes aux enchères organisée, á Montevideo, par la «Caserio de los Negros», au XVIIIéme siècle, de l´inévitable marronnage, des tenaces croyances hydrogoniques africaines et des prières d´esclaves, ces textes contiennent, parmi tant d´autres éléments linguistiques, plus de 200, les anthroponymes Zumba et Guasimbira, les ethnonymes nyanza et mayombé, le dépréciatif muleque, le néologismecandombear et des termes telles que bembas (lèvres ou chants), macumbarile (sort), cusumba (acheter), nengue ou menguengue (petit),cachimba (étang), cachimbo (pipe), malafo (boisson alcoolisée), mampembe(alcool), matamba (veillée), mundele (blanc), muringa (récipient), catonga(aire de jeu) , dumba (jeune fille) et uanga (fétiche)

L´auteur confirme, á partir de ce lexique résiduel, que divers mots d´origine bantu ont été dictionnarisés par l´Académie Royale Espagnole et reprend, á son compte, l´affirmation de l´africaniste Ildefonso Pereda Valdes, selon laquelle, ce sont, au niveau des langues africaines, le kikongo, le kimbunduet l´ovimbundu, qui ont le plus influencé, l´espagnol des pays du «Grand Fleuve».

Ce constat linguistique prévisible reflète bien l´intensité du trafic vers l´Amérique du sud des esclaves sur les cotes de l´ancien Congo et de la Colonie portugaise d´Angola, avec ses vieilles et esclavagistes villes de São Paulo de Assumpção de Loanda et de Benguela.

La publication á Buenos Aires de «El candombé» est une preuve, de plus, de l´inestimable apport économique, l’effort de guerre humainement coûteux et l´indélébile contribution culturelle des Noirs dans l’histoire d’une Argentine qui se veut plus blanche que sa réalité, dont l´une des évolutions artistiques les plus remarquables, a été le «tango candombé» des Africains.

Simão Souindoula, Directeur du Musée National de l´Esclavage

Coordonnateur du Comité pour l´Angola du Projet de l´UNESCO «La Route de l´Esclave »

Distribution : Ediciones Colihue

Av,Diaz Vélez  5125 (C1405DCG)  Buenos Aires (Argentina)

ISBN: 950-9413-64-X

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